une dynamique dynamite

une dynamique dynamite
par Canayen_errant

Aujourd'hui pour tablog : une dynamique dynamite.

On parle théâtre, Québec et Canada.

Voici un article que j'ai écrit pour un festival dont j'ai fait partie (www.jamaislu.ca), et qui nous demandais de réfléchir sur les liens entre le théâtre et la communauté. Je me suis penché à comparer deux d'entre elles. Alors, ce qui suit est l'article (qui s'adressait évidemment à des québécois.e.s)

Citation :

Chère lectrice et lecteur québécois j’aimerais commencer par une petite mise en contexte. Je suis franco ontarien et homme de théâtre. Mon regard sur la société québécoise est celui de l’extérieur, et je ne suis pas expert en théâtre québécois, voyant peu de pièces de chez-vous… Ceci étant dit, vous occupez une large place dans ma vie, puisque le théâtre au Québec reste une référence de premier ordre pour moi.

Un aspect qui m’impressionne quand je songe au Québec, c’est l’un des plus grands succès de votre communauté artistique et médiatique : le star-système québécois. Grâce à lui, le public connaît bien ses ‘idoles’. On a une nouvelle pièce? On passe à quelques émissions télé, radio, on fait un peu de publicité, et voilà! Il est unique votre système et il aide à créer un lien entre l’artiste et sa communauté. Un second point d’admiration que j’ai pour le théâtre québécois, c’est sa maturité thématique. En effet votre théâtre s’est essentiellement libéré de la nécessité de parler de sois. Nous, en Ontario français, sommes sur la clôture entre le monde de la quête identitaire et la libération thématique. Je veux dire par cela qu’il est relativement récent que nos pièces s’attaquent à autre chose qu’à notre petit bobo franco… Mais nous arrivons à une ouverture, un éloignement de ce thème nombriliste quoique essentiel.

Un point de différence important entre le Québec et les francophones du reste du pays c’est la question majoritaire / minoritaire. C’est une dynamique dynamite - la francophonie est extrêmement minoritaire en Amérique du nord, assez minoritaire au Canada, et majoritaire au Québec. Donc même si vous vous sentez isolés parfois, vous avez réussi à préserver le seul coin de continent qui vit sa majorité francophone. Je trouve que vous oubliez parfois l’énorme avantage que cela vous procure! Quel plaisir d’avoir un public pour qui vous êtes la principale option culturelle! D’avoir les moyens : des salles et des écoles de théâtre, un public, une critique, des médias, des réseaux régionaux et internationaux, des subventions (j’en salive).

Pour les FOQ (Francophones Outside Québec), vrais Artistes Minoritaires, les enjeux sont tout autres. Nous ne pouvons pas compter sur une masse critique de gens qui s’intéressent aux arts, nous avons des problèmes d’infrastructure, de financement, de ressources humaines, de médiatisation, de critique – MAIS nous sommes très proche de notre mission artistique primaire : être une voix, faire entendre le cri, d’un peuple en crise. De plus, trois blocs théâtraux se sont rapprochés pour diffuser, co-produire et partager nos acquis : L’Ouest, l’Ontario et l’Acadie. Pour nous, l’engagement de l’artiste en milieu minoritaire reste de premier ordre. Pour cette raison, nous tous avons une ‘victoire morale’ par rapport aux artistes anglophones, qui m’apparaissent comme en ambiguïté identitaire.

Le Québec s’est replié sur lui-même dans le dernier demi-siècle, ceci a eu une répercussion fondamentale pour le reste des francophones au pays. Nos artistes ont dû s’inventer, se découvrir, se définir, se rêver. N’ayant que peu de moyens au début, nous avons su gagner du terrain au fil des ans. Le portrait qui émerge est fractionné, fragmenté. De petites réflexions de réalité, à l’intérieur de petites fragmentations minoritaires. Est-ce cela la solidarité linguistique et artistique? Mais who cares?

Et voilà c'est la fin de mon article!

Hey, les lecteurs, n'hésitez pas à commenter! où à me dire de quoi vous voudriez qu'on parle!! Moi ça me paraît intéressant d'entammer des dialogues aussi!


Source taBlog! : http://tagueule.ca/blog/2006/06/une-dynamique-dynamite_22.html

"...MAIS nous sommes très proche de notre mission artistique primaire : être une voix, faire entendre le cri, d’un peuple en crise."

Touché. Je me demande souvent pourquoi si peu de FOQs s'expriment ainsi. Appuyons-nous adéquatement les voies qui expriment la détresse de notre situation précaire, sans que ca soit du nombrilisme? Félicitations Canayen_errant.

gaulois a écrit:

Je me demande souvent pourquoi si peu de FOQs s'expriment ainsi. Appuyons-nous adéquatement les voies qui expriment la détresse de notre situation précaire, sans que ca soit du nombrilisme? Félicitations Canayen_errant.

Pourquoi les FOQs s'expriment pas là dessus? Je pense que c'est principalement parce qu'on est pris dans un complexe d'infériorité. Le Québec a ce complexe face à la France, et les FOQ's l'ont face au Québec. C'est une question d'attitude. Le jour (et je crois qu'il est encore très très lointain!) où les francophones arrêteront de chialler sur leur sort et se mettrons plutôt à valoriser le fait qu'ils soient uniques, alors ça changera. Il faut célébrer notre survie malgré 225 ans + ou - de lente assimilation. il faut célébrer le fait que notre culture non que nos cultures sont fragiles mais belles! Moi je trouve les francophones dans l'Ouest encore plus fragiles que les Ontariens, mais ça ne change en rien l'importance de leur présence... sans les francophones hors Québec, le Canada serait tellement plus difficile à différencier des états unis!

Et si moi je m'exprime ainsi, c'est parce que ce cri, c'est le mien. Et comme artiste, cela fait partie de mes responsabilités. Si mon cri en inspire d'autres... tant mieux. Parce que le mien a été inspiré par d'autres artistes que j'admire aussi! Pour moi, c'est la meilleure forme de transmission culturelle.