CHAVEZ A RAISON ET TORT
Il a tort de ne pas avoir renouvelé la licence de la chaîne RCTV du Venezuela. Cela montre un esprit mesquin qui réprimande les médias qui s'opposent à son régime. Il agit de plus en plus de façon dictatoriale. Depuis janvier 2007, le parlement lui donne des pouvoirs élargis. Cela pour une durée de 18 mois. Le chef d'État peut ainsi légiférer par décrets. Plus tôt, il a demandé qu'un référendum se tienne en 2010 pour abolir la limite des mandats qu'un président doit respecter selon la loi actuelle de son pays. L'homme veut rester pour toujours au pouvoir. Il faut noter que cette dérive autocratique vue de l'Occident est impardonnable. C'est la preuve qu'au départ, selon de nombreux médias, Hugo Chavez n'a jamais été respectueux de la démocratie. La vérité est plus difficile à saisir que cela.
I faut s'expliquer la situation autrement. L'élection de Chavez a polarisé une société déjà divisée par les origines indiennes, africaines ou espagnoles des citoyens et par les classes sociales contrastées. Les propriétaires terriens, les hauts cadres du pays se sont toujours farouchement opposés à Hugo Chavez. En 2002, le coup d'État militaire contre lui a été appuyé par la fameuse chaîne RCTV que le président vient de faire taire. Ce média, au lieu d'être objectif, avait pris partie pour la bougeoisie locale dont, ne le cachons, la plupart des dirigeants de cette station de télévision sont issues. La RCTV a incité à l'insurrection, donnant la parole aux putchistes et aux industrialistes du pays, insultant le président démocratiquement élu et cela sans arrêt. Ceci montre à quel point l'idée de démocratie et de respect des autorités élues ne figurent pas dans le jargon des principaux hauts cadres de cette société.
Dans une atmosphère aussi tendue, le président Chavez ne se sent pas contraint de respecter ce que ses adversaires les plus virulents bafouent chaque jour; c'est-à-dire le devoir de respecter le processus démocratique et ne pas gouverner par décret. Il veut demeurer au pouvoir pour en découdre avec ces opposants car en ce moment, il doit gouverner avec la plus grande des difficultés. Les bâtons dans les roues doivent être nombreux si on considère que les riches et les puissants de son pays ont une attitude qu'on peut qualifier gentiment de désobéissance civile et sérieusement de délinquance politique.
Chavez a donc tort de se donner des pouvoirs excessifs, de se permettre de vouloir demeurer à tous jamais à la tête de son pays. Ce n'est pas un exemple pour ses successeurs qui auraient voulu s'inspirer de son idéologie de gauche et de justice sociale. Toutefois, il a les mains liées car la contestation ne se fait pas au parlement mais dans la machine étatique et privée où de nombreux citoyens boycottent ses projets d'avancement car ils appartiennent à la fameuse bourgeoisie des gens aisés, également ignorantes de la démocratie, brutale et conservatrice. Ces derniers n'ont jamais connu leur pays sous la gouverne d'un président indien et cela, ils ne peuvent l'accepter par racisme et sectarisme.
Voilà où on en est au Venezuela..et sûrement ailleurs.