| | les objecteurs de conscience | |
| | Auteur | Message |
---|
LongLiveRevolution1917 Placote avancée
Nombre de messages : 830 Age : 38 Date d'inscription : 13/01/2005
| Sujet: les objecteurs de conscience Ven 1 Juil - 13:23 | |
| pour ceux qui sont contre la campagne en Iraq menée par les Etats-Unis, je vous encourage fortement d'aller visiter le lien suivant, et de supporter les objecteurs de conscience (war resisters) américains qui refusent de se battre en Iraq. Aidez leur a obtenir le statut de refugiers au Canada.
http://www.resisters.ca/index.html | |
| | | panic_attaque Grande gueule!
Nombre de messages : 1716 Age : 36 Localisation : errant Intérêts généraux : musique, perdre mon temps. Date d'inscription : 20/05/2005
| Sujet: Re: les objecteurs de conscience Ven 1 Juil - 14:20 | |
| non, et pourquoi? c'est la loi de leur pays, ils ont joint l'armee volontairement, dit leurs d'aller enculer l'aigle | |
| | | LongLiveRevolution1917 Placote avancée
Nombre de messages : 830 Age : 38 Date d'inscription : 13/01/2005
| Sujet: Re: les objecteurs de conscience Ven 1 Juil - 14:41 | |
| volontairement peut etre interprete differemment. tu realise la propaguande qui les a incites a entre dans larmee?? pour des jeunes pauvres, larmee est presque une solution pour les sortir de leur misere, et leur permettre de amasser de largent. quand larmee est une des seule viable solutions pour se sortir de la misere, cest un signe qui il y a des problemes dans cette societe.
jai eu la chance dassiter a une des rencontre de ces war resisters, il y en avait deux, ils avaient 20 ans, et pour eux, larmee etait une solution viable. de plus, lorsqu'ils y avait adheree, cetait bien pour defendre les ideologies de libertes, mais ces derniers ont vite realiser comment ils etaient "brainwasher" par leur gouvernement et leurs medias. ils ne voulaient pu tues des gens innoncents sans questionnement. un a dit un phrase qui m'a marquer " they train you not to think or question".
so what si ils ont joint, maintenant ils ne veulent plus participer a une campagne absurde, qui tue des gens innoncent au nom de la democratie. moi je dit qui faut les aider. | |
| | | panic_attaque Grande gueule!
Nombre de messages : 1716 Age : 36 Localisation : errant Intérêts généraux : musique, perdre mon temps. Date d'inscription : 20/05/2005
| Sujet: Re: les objecteurs de conscience Ven 1 Juil - 14:52 | |
| - LongLiveRevolution1917 a écrit:
- " they train you not to think or question".
et le restant de la population américaine.....? | |
| | | LongLiveRevolution1917 Placote avancée
Nombre de messages : 830 Age : 38 Date d'inscription : 13/01/2005
| Sujet: Re: les objecteurs de conscience Ven 1 Juil - 15:18 | |
| ils ne sont pas exemptes de ce phenomene pour la plupart. mais lorsqu ils sappercoivent ce qui se passe, et qu'ils ne veulent plus cries partout democratie au nom des etats unis, ca merite notre support. | |
| | | panic_attaque Grande gueule!
Nombre de messages : 1716 Age : 36 Localisation : errant Intérêts généraux : musique, perdre mon temps. Date d'inscription : 20/05/2005
| Sujet: Re: les objecteurs de conscience Sam 2 Juil - 11:18 | |
| dsl mais jsuis vraiment pas d'accord avec cette idée, si nous etions en 1965 et le service etait obligatoire, j'y penserai deux fois, mais je n'ai aucune pitié pour un volontaire, ca fait partie de savoir qu'il est possible d'aller en guerre, c'est comme aller au tim hortons, et se refugier aux Etats Unis parce que tu savais pas que tu serais obliger de servir de la clientelle. | |
| | | Premier Gueule bavarde
Nombre de messages : 337 Localisation : Ontario Intérêts généraux : etudiant Date d'inscription : 21/06/2005
| Sujet: Re: les objecteurs de conscience Sam 2 Juil - 12:24 | |
| - Citation :
- dsl mais jsuis vraiment pas d'accord avec cette idée, si nous etions en 1965 et le service etait obligatoire, j'y penserai deux fois, mais je n'ai aucune pitié pour un volontaire, ca fait partie de savoir qu'il est possible d'aller en guerre, c'est comme aller au tim hortons, et se refugier aux Etats Unis parce que tu savais pas que tu serais obliger de servir de la clientelle.
Y'a quand meme une grosse difference entre servir qqun et le tuer.... Ceci dit, ils sont volontaire donc ils doivent s'attendre a p-e etre envoyer dans un theatre d'operation actif. Cependant, je suis d'accord avec LongLiveRevolution1917 pour ce qui est du "brainwashing" de la population americaine. La television americaine fait de la propagande pour la defense de la democatie...la survie de la democratie...on utilise le mot terroriste comme l'on boie de l'eau...les americains sont bombardes d'informations controles. Ils adoptent une vision individualiste en disant que ca revient a eux de defendre la democratie du monde meme quand aucun pays (ni les Nations Unis) leur en ont donne le mandat exclusif. De tuer des gens pour sauver une institution ou une ideologie n'est pas la facon de fonctionner. | |
| | | Blanchard Grande gueule!
Nombre de messages : 1045 Localisation : France - Gard Intérêts généraux : Commercial Date d'inscription : 01/05/2005
| Sujet: Re: les objecteurs de conscience Sam 2 Juil - 17:44 | |
| - davoo a écrit:
- non, et pourquoi? c'est la loi de leur pays, ils ont joint l'armee volontairement, dit leurs d'aller enculer l'aigle
Y va pas aimer l'aigle... non, va pas aimer du tout ! | |
| | | Blanchard Grande gueule!
Nombre de messages : 1045 Localisation : France - Gard Intérêts généraux : Commercial Date d'inscription : 01/05/2005
| Sujet: Re: les objecteurs de conscience Sam 2 Juil - 17:48 | |
| - LongLiveRevolution1917 a écrit:
- pour ceux qui sont contre la campagne en Iraq menée par les Etats-Unis, je vous encourage fortement d'aller visiter le lien suivant, et de supporter les objecteurs de conscience (war resisters) américains qui refusent de se battre en Iraq. Aidez leur a obtenir le statut de refugiers au Canada.
http://www.resisters.ca/index.html Je ne comprends pas bien là... quand il y a la conscription, le service militaire obligatoire, j'admet que certains s'y refusent et se déclarent objecteurs de conscience... mais là, c'est une armée de métier basé sur l'engagement volontaire ?? comment on peu être objecteur dans ces cas là ? | |
| | | LongLiveRevolution1917 Placote avancée
Nombre de messages : 830 Age : 38 Date d'inscription : 13/01/2005
| Sujet: Re: les objecteurs de conscience Sam 2 Juil - 18:18 | |
| - Blanchard a écrit:
- LongLiveRevolution1917 a écrit:
- pour ceux qui sont contre la campagne en Iraq menée par les Etats-Unis, je vous encourage fortement d'aller visiter le lien suivant, et de supporter les objecteurs de conscience (war resisters) américains qui refusent de se battre en Iraq. Aidez leur a obtenir le statut de refugiers au Canada.
http://www.resisters.ca/index.html Je ne comprends pas bien là... quand il y a la conscription, le service militaire obligatoire, j'admet que certains s'y refusent et se déclarent objecteurs de conscience... mais là, c'est une armée de métier basé sur l'engagement volontaire ?? comment on peu être objecteur dans ces cas là ? pour clarifier ce sont des gens, qui ont accepter volontiers de rentrer dans larmee americaine, mais qui, maintenant refuse de participer a des missions qui violent les droits humains/ missions immorales, aka la campagne en iraq. Et, qui, se sont sauves au canada, en esperant dy obtenir le statut de refugiers. En autre mots, ils sont sortis/sauves illegallement de l'armee avant de terminer leurs service. pour clarifier davantage, durant la guerre du vietnam le canada a acceuillit des milliers de soldats americains qui refusaient daller se battre aux vietnam, les draftsdoggers. en principe, c'est la meme chose que tente d'obtenir ces objecteurs de conscience, sauf que dans ce cas ci, il ny avait pas de consciption obligatoire. | |
| | | LongLiveRevolution1917 Placote avancée
Nombre de messages : 830 Age : 38 Date d'inscription : 13/01/2005
| Sujet: Re: les objecteurs de conscience Sam 2 Juil - 18:19 | |
| - Premier a écrit:
Y'a quand meme une grosse difference entre servir qqun et le tuer....
Ceci dit, ils sont volontaire donc ils doivent s'attendre a p-e etre envoyer dans un theatre d'operation actif. Cependant, je suis d'accord avec LongLiveRevolution1917 pour ce qui est du "brainwashing" de la population americaine. La television americaine fait de la propagande pour la defense de la democatie...la survie de la democratie...on utilise le mot terroriste comme l'on boie de l'eau...les americains sont bombardes d'informations controles. Ils adoptent une vision individualiste en disant que ca revient a eux de defendre la democratie du monde meme quand aucun pays (ni les Nations Unis) leur en ont donne le mandat exclusif. De tuer des gens pour sauver une institution ou une ideologie n'est pas la facon de fonctionner. exactement. bien dit. | |
| | | Blanchard Grande gueule!
Nombre de messages : 1045 Localisation : France - Gard Intérêts généraux : Commercial Date d'inscription : 01/05/2005
| Sujet: Re: les objecteurs de conscience Dim 3 Juil - 10:58 | |
| Je ne sais pas ce qu'il en est chez vous, mais ici on parle de 1900 à 2000 soldats américains tués (sans compter les Mercenaires qui bossent pour des autorités ou boites privées et qui seraient de plusieurs centaines) et de 3000 blessés.
C'était à prévoir... Pour en revenir à certaines réactions, je pense que les "terroristes" ressemblent de plus en plus à un mouvement de resistance tout simplement et que le sacrifice de ces soldats servent surtout à un enrichissement de certaines entreprises ou individus proche de l'administration Bush.
Il ne s'agit là que d'un avis personnel. | |
| | | Sire_Denys Placote avancée
Nombre de messages : 864 Localisation : North Bay Date d'inscription : 12/01/2005
| Sujet: Re: les objecteurs de conscience Lun 4 Juil - 13:24 | |
| - davoo a écrit:
- dsl mais jsuis vraiment pas d'accord avec cette idée, si nous etions en 1965 et le service etait obligatoire, j'y penserai deux fois, mais je n'ai aucune pitié pour un volontaire, ca fait partie de savoir qu'il est possible d'aller en guerre, c'est comme aller au tim hortons, et se refugier aux Etats Unis parce que tu savais pas que tu serais obliger de servir de la clientelle.
Mais si travailler à Tim Hortons c'était la seule façon pour toi de gagner ta vie, de survivre - Puis là ton employeur te commandait d'aller tirer les clients...? | |
| | | panic_attaque Grande gueule!
Nombre de messages : 1716 Age : 36 Localisation : errant Intérêts généraux : musique, perdre mon temps. Date d'inscription : 20/05/2005
| Sujet: Re: les objecteurs de conscience Lun 4 Juil - 14:30 | |
| mais , je ne crois pas qu'il y a un cas dans l'histoire du Canada ou le patron avant demander a son employeur de tirer son client pour des raisons amusantes. tandis que dans l'armée, cest Fameux. | |
| | | LongLiveRevolution1917 Placote avancée
Nombre de messages : 830 Age : 38 Date d'inscription : 13/01/2005
| Sujet: Re: les objecteurs de conscience Mar 5 Juil - 20:06 | |
| ceci est un témoignage pris de "Le Monde 2" daté du 4juin 2005, par un des soldats qui a deserte. - Citation :
J'ai déserté. Un matin de décembre 2003, j'ai entassé ma famille dans une vieille bagnole, achetée la veille 600 dollars, et j'ai quitté la base militaire de Colorado Springs où je bénéficiais d'une permission. Je ne voulais pas retourner en Irak. Je ne voulais plus être dans cette guerre basée sur des mensonges. Je ne voulais plus tuer de civils irakiens. Je ne voulais plus participer à la boucherie. Je sais que beaucoup de mes concitoyens me considèrent comme un lâche et un traître. Mais je m'en fous. A chacun sa conscience. Je sais aussi que je ne bénéficierai jamais d'une amnistie: "Quand on est militaire on ne déserte pas." Mais j'assume ce mot, je peux vivre avec ça. Pas avec l'Irak.
Je m'appelle Joshua Key. Je suis né en 1978, à Guthrie, un bled d'Oklahoma. Ma famille travaillait sur une ferme d'élevage. Elle avait du mal à joindre les deux bouts, mais j'aimais cette vie en pleine nature et parmi les cow-boys, où le port des chaussures ne s'imposait qu'à douze ans, pour entrer à l'école. J'ai épousé Brandi à la sortie du lycée, on avait le même âge et la même histoire. Je rêvais de devenir soudeur, mais je n'avais pas d'argent pour l'école, alors j'ai cherché du boulot, n'importe quoi. Pas évident dans ce trou sans industrie ni avenir. On est allé dans le Wisconsin, on est revenu, on ne trouvait rien, l'horizon était bouché et nous avions déjà deux enfants.
C'est alors que j'ai rencontré les recruteurs de l'armée. C'était en février 2002. Ils ont su me parler, c'est sûr! Ils m'ont fait miroiter le fait que j'allais sortir d'Oklahoma et vivre une aventure formidable. Ils m'ont dit que non seulement j'allais servir mon pays, mais qu'en plus j'allais apporter à ma famille des avantages exceptionnels: une bonne assurance médicale, un salaire régulier, de l'argent pour faire des études à la sortie de l'armée, et puis une sacrée formation dans la construction de ponts qui serait monnayable dans le privé. Surtout, ils m'ont garanti que, étant chargé de famille, je serai affecté à un régiment qui ne serait jamais déployé à l'étranger. Mon recruteur s'y est engagé en me regardant bien droit dans les yeux. Le 1er avril, j'avais signé pour trois ans et tout était bouclé. Content, fier de participer à quelque chose de plus grand que moi et d'assurer l'avenir de ma famille, je partais pour un camp d'entra \înement dans le Missouri, en laissant Brandi enceinte de notre troisième fils.
J'ai tout de suite déchanté. Les promesses du recruteur et la réalité étaient deux choses différentes. Non, je n'était pas là pour construire des ponts mais plutôt pour apprendre à les détruire, puisqu'on m'a imposé la spécialité des mines. J'ai appelé Brandi: "On m'a trompé!" Après plusieurs mois d'apprentissage, j'ai été affecté à Fort Carson, Colorado. 43e compagnie d'ingénieurs de combats. Brandi est venue habiter à la base avec les enfants. Et dès l'automne 2002, la rumeur de Bagdad a enflé. Tout était fait dans la perspective d'avoir à affronter les troupes et le désert irakiens. On multipliait les jeux de simulation. De grands régiments étaient sur le départ. Soyez prêt à partir d'un jour à l'autre nous disait-on. Et moi je croyais encore qu'il tiendraient leur promesse à mon égard. Je ne pouvais pas croire qu'ils s'assiéraient dessus. J'ai voulu poser la question à un officier, mais on m'a fait comprendre qu'il fallait que je la ferme si je ne voulais pas que ma famille soit pénalisée. J'étais piégé.
La guerre a commencé le 19 mars 2003. Notre équipement était déjà dans des trains prêts à être acheminés vers le Koweït. L'attente était crispante. Mais restait l'espoir que la guerre soit suffisamment rapide pour qu'on y échappe. Le premier avril on nous a dit: "Dans dix jours, les gars, vous partez." Le choc. La seule façon de se gonfler le moral était de se dire qu'au moins la cause était juste; que Saddam avait le régime le plus atroce de la terre, qu'il possédait des armes de destruction massive, une armée hyperpuissante ; et que, pour débarrasser le monde des terroristes d'Al-Qaida, il fallait en passer par l'Irak... Évidemment, d'apprendre par la télé que la France, l'Allemagne, le Canada ne nous suivaient pas m'a un peu ébranlé. Mais le président Bush nous demandait d'aller à la guerre, il n'y avait pas à discuter.
J'ai débarqué au Koweït le 10 avril et nous sommes restés stationnés dans le désert jusqu'au 27. Dans la fournaise. Avec 2 bouteilles d'eau par jour au lieu des 6 nécessaires, et une seule ration alimentaire, au lieu des 3 réglementaires. On ne comprenait pas : comment expliquer que l'armée la plus puissante du monde, la mieux équipée sur le plan technologique, manque de nourriture et d'eau pour ses troupes ? On se déshydratait, on avait faim ; dans les dunes et dans le sable qui s'infiltrait partout, on attendait, en nettoyant nos armes. Le 27, après un détour de quelques heures par Bagdad, on a filé vers Ramadi. On nous a alors dit qu'étant donné que le petit pont de bois menant à cette ville de 300000 habitants ne supporterait pas le poids des tanks, notre compagnie, une centaine d'hommes, devrait y aller seule. Et on en a chié dans nos frocs. A peine arrivés, on nous a ordonné de partir en patrouille. Je me suis dit : c'est quoi ce délire ? Je suis un ingénieur de combat, formé à poser ou désamorcer des mines dans le désert, pas un homme d'infanterie ! Eh bien, j'avais tort. Et j'ai commencé les patrouilles, de nuit, à travers la ville. Un homme 3 mètres devant, un autre 3 mètres derrière. Le sang glacé. La mitraillette à la main. Cela rendait fous les habitants, et je crois bien que c'était le but. Les provoquer, créer le foutoir, afin qu'ils tirent sur nous et qu'on puisse tirer sur eux.
Il est arrivé, au début, que des gens sortent des maisons pour nous applaudir. Cela m'étonnait. On a fini par m'expliquer que c'était un réflexe datant de l'époque Saddam Hussein, où les gens avaient ordre de sortir acclamer les militaires, sous peine d'être exécutés. Ils continuaient pour nous, pas ravis de nous voir comme le croyaient certains, mais pétants de trouille. Le plus souvent, bien sûr, on nous crachait dessus, on nous jetait des pierres. Et puis les coups de feu, les tirs de roquettes, les attaques à la grenade se sont multipliés. Notamment lorsqu'on a rejoint Fallouja. Là, ce fut vraiment le cauchemar. Des camarades disparaissaient les uns après les autres sans qu'on nous donne jamais de leurs nouvelles. Blessés, morts, on n'en entendait plus parler. Trois de mes copains ont eu une jambe explosée. A un moment, il y avait tant d'attaques et de tirs de mortier qu'en se réveillant le matin, on se disait : est-ce aujourd'hui mon jour? Et on rêvait d'être blessé pour rentrer à la maison.
Tout, oui, tout, même perdre un membre, plutôt que de rester dans cet enfer. Plusieurs gars se sont tiré dans le pied ou dans la jambe. Un copain a utilisé son M-i6 pour viser sa cheville. Jamais su ce qu'il était devenu. Mais l'idée de se mutiler traversait tous les esprits. Au point que le commandement a publié un mémo précisant : si vous êtes surpris à vous blesser volontairement ou à inventer un moyen de rentrer chez vous, sachez que vous serez réexpédié ici pour douze ou dix-huit mois.
| |
| | | LongLiveRevolution1917 Placote avancée
Nombre de messages : 830 Age : 38 Date d'inscription : 13/01/2005
| Sujet: Re: les objecteurs de conscience Mar 5 Juil - 20:08 | |
| la suite - Citation :
- DES ZOMBIES DANS LE BROUILLARD
On stationnait toujours au centre des villes. Sans eau courante, ni douche, ni toilettes. Nos uniformes étaient tachés de sang, on brûlait nous-mêmes nos déchets. A Ramadi, on dormait dans un ancien palais de Saddam, qui avait été pillé et saccagé. Ailleurs, on se débrouillait pour trouver un abri dans les ruines d'une maison bombardée. En fait, on manquait continuellement de sommeil. Je crois que c'était voulu. Cela nous rendait nerveux, anxieux, prêts à tirer sur tout ce qui bougeait, toujours sur le qui vive. Des zombies dans une sorte de brouillard. Il y a une énorme différence entre les bases militaires qu'on voit à la télévision et les bataillons comme le nôtre, stationnés au cœur des villes. Les bases dites en «zone verte » sont situées au milieu de nulle part, gigantesques, et formidablement équipées: la bouffe y est bonne, les soldats portent des uniformes modernes et impeccables, ils téléphonent à leur famille quand ils veulent, ils ont accès à Internet. Ils sont ravis d'être en Irak et de sourire aux caméras. Pas de risque, en revanche, que les télés filment le chaos des villes, les rues défoncées, les quartiers bombardés ; et surtout pas nous autres, les soldats de la « zone rouge », trempés de sueur et de sang, avec des gilets de combat datant du Vietnam, des visages constamment horrifiés et des yeux... On avait une expression pour ça : c'était le regard « à mille kilomètres » : un regard fixe qui dissimule le fait qu'on est ailleurs, au loin, perdu.
Les rafles étaient ce qu'il y avait de plus traumatisant. On était prévenu la veille au soir : « OK les gars. Demain, vous faites deux descentes. » On nous donnait les photos de deux maisons prises par satellite, des renseignements de la CIA sur les terroristes que nous étions supposés capturer. Et à 4 heures du matin, on attaquait par surprise. Je plaçais un gros explosif sur la porte d'entrée d'une maison. Je reculais, la porte était pulvérisée et on fonçait, mitraillette au poing, en évacuant toutes les pièces. Il y avait des pleurs et des hurlements. On ne comprenait rien de ce qui se disait, mais c'était d'une telle violence ! Notre adrénaline était à son maximum car on pouvait aussi être tué à tout moment. On s'emparait des hommes aussi vite qu'on pouvait, on les traînait dehors, on leur nouait les mains et on les embarquait dans un camion qui démarrait aussitôt, même si l'on ne trouvait rien de suspect. Ce qui fut toujours le cas.
Nous avions l'ordre de mettre tout le monde en joue, mais je n'ai jamais pu braquer une arme sur un enfant. Et je ne ressentais qu'une immense compassion. Je n'étais pas Joe le GI, mais juste un civil coincé dans un uniforme de militaire. Un type qui se sentait trahi par son pays. Et qui se disait : on fait ça pour quoi? Il n'y a pas d'armes de destruction massive, pas d'avions, pas de tanks, pas d'armée. Juste des gens, des familles qu'on terrorise et dont on brise la vie. A mes potes, je disais toujours : imagine que tu es chez toi, en Amérique, peinard en train de boire une bière. Et qu'il l'arrivé ce qu'on a fait cette nuit dans une maison. Tu deviendrais fou, n'est-ce pas ? Tu te battrais ! Tu aurais envie de les tuer tous ! Moi en tout cas, j'aurais envie de faire mille fois pire que ce qu'ils font...
On les rendait fous avec nos hélicos au-dessus de leurs têtes, nos tanks autour des villes, les interrogatoires, les check-points, le couvre-feu à 9 heures, l'arbitraire le plus total. N'importe qui pouvait être mis en prison à tout moment. N'importe quelle voiture pouvait sauter. On tire d'abord, on réfléchit ensuite. Combien d'Irakiens ont été tués simplement à cause de la barrière de la langue? Je me souviens d'un homme et de son petit garçon qui ont été mitraillés, en 2 secondes, parce qu'ils ne savaient pas ce que signifiait «stop». J'étais horrifié. Ils n'avaient pas d'armes, ils étaient innocents. Après, on a refusé de tirer systématiquement et on a préféré laisser aux passants le bénéfice du doute. C'est clair que nous étions en faute. Mais j'avais jamais signé, moi, pour tuer des pères, des mères, des enfants. D'ailleurs, si on avait appliqué scrupuleusement toutes les procédures militaires, l'Irak serait vide!
La nuit, on se disait entre nous : quand tu penses qu'on est là pour le pétrole ! Le coup de la démocratie et de la chasse aux terroristes, on ne nous le faisait plus ! Si vous saviez l'attention et le personnel dévolus à la protection des puits de pétrole alors qu'on manquait de gens pour la sécurité des villes et que des hommes y mouraient en permanence...
J'écrivais à Brandi tous les jours, enfin j'essayais. N'importe quoi. Même quelques phrases. Le courrier était notre seul moyen de communiquer avec nos femmes. Pas de téléphone ou d'Internet, comme les soldats des « zones vertes ». Le problème, c'est que les Irakiens ont vite compris que le meilleur moyen de nous blesser était de nous priver de courrier. Ils avaient repéré quand il arrivait, et quand ils le pouvaient, ils pillaient ou explosaient nos livraisons. Mais je les comprends. J'aurais fait pareil à leur place.
A la mi-octobre, après huit mois d'Irak, on m'a soudain annoncé qu'on me renvoyait deux semaines à la maison pour voir ma famille, avant de revenir. J'ai pensé : c'est ma chance; je ne veux jamais revenir ici. Koweït, Irlande, Atlanta, Dallas, Colorado Springs...
Le soir de mon arrivée, je parlais à Brandi. Elle avait vécu dans l'angoisse, sans regarder la télé ni lire les journaux... Par trois fois, l'état-major lui avait téléphoné pour lui dire que j'avais été pris dans un tir de mortier et qu'on ignorait tout de mon sort... Sans jamais daigner la rappeler !
La décision de partir a été prise ensemble. Il fallait faire vite, n'en parler à personne. J'ai acheté une vieille Camaro pour remplacer mon van dont la plaque d'immatriculation était connue de l'armée. On a ramassé quelques affaires. Et on a taillé la route vers l'Est. En plein jour. Comme si on allait en balade. On a laissé derrière nous le Colorado, traversé le Kansas, le Missouri. Et on s'est arrêté à Philadelphie. Il fallait qu'on se noie dans la foule d'une grande ville. Qu'on n'attire pas l'attention. Que je trouve un boulot en faisant gaffe à ne pas me faire prendre au volant. J'étais devenu un déserteur en cavale, officiellement recherché - le FBI avait appelé ma mère - et les nerfs en pelote.
J'ai vite travaillé comme soudeur en utilisant mon numéro de sécurité sociale, et nous avons vécu d'un motel à l'autre. Pendant quatorze mois. Totalement paranos. J'avais peur de me faire repérer, peur qu'on frappe à ma porte, peur de parler au téléphone. Vers la fin, j'étais convaincu que la Sécu ou les impôts allaient retrouver ma trace. Il fallait que je trouve quelque chose. C'est alors qu'en fouillant Internet j'ai découvert la piste du Canada et pris contact avec Jeffry House, cet avocat de Toronto qui plaide pour que son gouvernement accueille les déserteurs américains. Brandi était alors enceinte de notre quatrième. On a donc attendu qu'elle accouche et qu'elle se rétablisse après quelques complications et un mois d'hospitalisation. Et on a pris la route du Canada.
En passant le poste frontière des chutes du Niagara, le 8 mars dernier, j'avais l'impression de jouer ma vie. Mon permis de conduire avait expiré, je n'avais d'autres papiers que mon carnet militaire. J'avais donc décidé que, si j'étais arrêté par la police américaine, contraint de sortir de la voiture, je plongerai du pont. Je n'avais pas fait mener cette vie d'errance à ma famille pour qu'on me mette en prison.
Quand l'officier a fait signe d'arrêter, d'ouvrir la vitre, j'étais au-delà du stress, totalement sous le choc. « Où allez-vous ? a-t-il demandé. Pour combien de temps ? Ce sont vos quatre gosses ?... Bon séjour au Canada.' » Il n'a même pas vérifié nos papiers !
Un comité de soutien aux opposants à la guerre nous a accueillis de façon chaleureuse à Toronto. On nous a donné un logement, un peu d'argent. Mes deux aînés, de 6 et 5 ans, vont à l'école et apprennent le Chinois ! Et l'avocat Jeffry House a lancé une procédure pour m'obtenir un statut de réfugié. C'est loin d'être gagné. Mais je sais que mon avenir et celui de mes gosses sont désormais au Canada.
Je vois un thérapeute. Je souffre d'un stress post-traumatique. Je fais de l'insomnie, de nombreux cauchemars et j'ai parfois des hallucinations qui me ramènent instantanément en Irak. C'est ainsi. Cela ne disparaîtra pas. Il faudra hélas des années pour que l'Amérique sorte de son hypnose et que la vérité se fasse sur les atrocités qui se passent en Irak. Je ne suis pas un objecteur de conscience. Je crois qu'il y a des guerres justes. Celle-ci ne l'est pas.
Joshua Key | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: les objecteurs de conscience | |
| |
| | | | les objecteurs de conscience | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |