Voici un petit apperçu de ce qui se peut retrouver dans une chronique à la Serge sur tG!
Depuis mon enfance, les enseignants ont essayé de m’endoctriner à la fierté d’être Franco-Ontarien. Je comprends leurs raisons, mais je comprends mal leurs manières. Le fait que parler en Molière était une obligation nous incitait à nous rebeller contre l’establishement qui utilisait des moyens de pressions injustes (jusqu’à des retenues) pour nous forcer, contre notre gré, à parler le français. Nous étions découragés par le fait que rien n’était intéressant à la télévision française. Dans les faits, tout ce qui était français était plate.
Entre la FESFO, la Fédération de la jeunesse franco-ontarienne, dans l’équation. La tactique est de nous convaincre que c’est cool, flyé et full malade man de parler le français (désolé pour les quétainitudes). Encore nous sommes obligés de parler en Molière. Mais enfin, au moins nous étions entourés de « notre monde » : les jeunes. L’expérience de la FESFO forme mon futur comme un inconditionnel francophone –bien qu’un parlant français n’est rien de spécial. un francophone n'est qu'un anglais qui parle le français et qui mâche son anglais, pensez-y, ça ne veut rien dire–.
Je me suis rendu finalement à l’université. Étudiant l’histoire à Ottawa, je me suis finalement rendu comte jusqu’à quel point je suis minoritaire. Ma jeunesse à Smooth Rock Falls n’était pas excitante, certes, mais la majorité de la population était francophone. De fait, je n’ai jamais été obligé de parler l’anglais ; heureusement pour moi la télévision française n’était pas cool donc j’ai appris un anglais américain assez fort grâce au Cable News Network et les Teenage Mutant Ninja Turtles. Peut-être ai-je pris tout pour acquis, car maintenant j’étais une minorité linguistique. Ce n’est pas tout, j’étais doublement minoritaire!
Je m’explique : non seulement étais-je Franco-Ontarien dans un contexte de minorité linguistique démographique (donc, plus d’Anglais que de Français), j’avais à composer avec une vague de Québécois qui me prenaient pour un assimilé. Minoritaire selon la démographie et minoritaire dans l’estime de mes compatriotes de l’Outaouais. Quelle horreur! Ils n’avaient peut-être pas tort, j’ai dû apprendre à écrire le français à l’université car je ne savais pas comment accorder quoique ce soit ; mon temps à été perdu à devenir fier de qui j’étais : un rejeton du Québec et un fucking French-Canadian selon certains.
Je me pose toujours une question. Pourquoi nous endoctriner dans cette fierté superficielle? Il faut être fier d’être francophone! Il faut être fier d’être Franco-Ontarien! Il faut être fier de notre langue! Sinon quoi? Nous allons tout perdre faute de French Pride? En bon Ontarien, come on!
Peut-être si nous avons passé plus de temps à m’informer du fait qu’en Ontario, rien n’est rose. Au lieu de me dire « Nous sommes la plus forte minorité francophone du Canada », nous aurions dû m’expliquer les faits : Que Swing n’écrit pas leurs chansons, que notre taux d’assimilation est élevé et que l’ACFO est un organisme élitiste qui fait rien car il est paralysé par sa propre communauté qu’elle représente. Du moins j’aurais pas eu besoin de gaspiller 20 ans à comprendre ce qui se passe chez moi.
Mais enfin, ne lâchez pas, vous êtes fiers! Yeah, right. Si je parle français et je suis orgueilleux de cela, ce n’est pas parce que je suis fier. C’est parce que je suis Canadien-Français et je n’ai pas besoin d’excuses pour être qui je suis. Je n’ai pas besoin d’utiliser une béquille comme la fierté pour parler français. La seule chose que j’ai besoin c’est du respect. J’ai besoin du respect de l’Assemblée de la francophone ontarienne ; j’ai besoin du respect des Québécois qui sont, en fin du compte, pas plus spécial que moi ; j’ai besoin du respect du gouvernement de l’Ontario afin qu’au lieu de me traité comme une minorité qu’il me traite comme une personne. Enfin, j’ai besoin que le fédéral arrête de prendre pitié pour moi et qu’il comprenne que je ne suis pas un article dans une charte, mais que je suis Français au Canada et que j’ai droit au même respect que M. O’Connor.
J’ai aussi besoin que nous arrêtons de se trouver des excuses et que nous vivions pour une fois.
Honnêtement, si la seule arme que nous avons, nous, Français de l’Ontario, est la fierté, nous sommes victimes d’une des deux choses suivantes. Soit nous sommes foutus et c’est notre dernier espoir, soit nous n’essayons pas assez pour vendre les mérites de notre communauté. Imaginez-vous, nous vous disions d’être fier du fait que vous êtes une minorité. C’est fort.
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Fini mon rant.