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 La culture FHQ

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Pépin le Bref
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MessageSujet: La culture FHQ   La culture FHQ EmptyDim 2 Juil - 10:55

Selon vous, y-a-t-il une culture ***spécifique*** aux francophones hors-Québec?

Ou n'est-elle pas simplement une culture d'expats venant du Québec, de la France et d'autres centres de majorité franco?

Reconnaissez-vous une culture "métissée" (anglo/franco) parmi les francophones hors-Québec? Croyez-vous qu'elle est justement reconnue comparée à la culture franco des éléments expats?

Comment reconnaissons-nous vraiment un artiste/penseur/créateur FHQ -vs- un expat issue de milieu majoritaire devenu "globalisé"?

Antonine Maillet et Gabrielle Roy me semblent bien reconnaissables comme FHQ dans leurs thèmes et préoccupations. Mais y-a-t'il eu renouvellement de cette culture FHQ par une relève?

Daniel Bélanger (franco-manitobain) et Paul Piché (franco-ontarien) s'en sont retournés au bercail québécois. Zacharie Richard continue à aborder des thèmes typiquement FHQs. Mais encore une fois, ou est la relève?

Foude faure tâte...
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MessageSujet: Re: La culture FHQ   La culture FHQ EmptyMar 18 Juil - 12:43

je care pas vraiment, mais ce sujet drevais pas être dans vie comm??
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MessageSujet: Re: La culture FHQ   La culture FHQ EmptyMar 18 Juil - 20:44

Selon vous, y-a-t-il une culture ***spécifique*** aux francophones hors-Québec?
--
Je ne crois pas. Il y a des particularités mais c'est tout ce que je peux voir. Mais je sais qu'il y a un facteur d'exclusion par le Québec



Ou n'est-elle pas simplement une culture d'expats venant du Québec, de la France et d'autres centres de majorité franco?

--
Un amalgame du tout, avec les particularités régionales.



Reconnaissez-vous une culture "métissée" (anglo/franco) parmi les francophones hors-Québec? Croyez-vous qu'elle est justement reconnue comparée à la culture franco des éléments expats?
--
J'ai de la difficuter à répondre. Je connais des métisses francophones et je ne trouve pas qu'ils sont différents de moi. Donc je reste neutre au sujet.

Comment reconnaissons-nous vraiment un artiste/penseur/créateur FHQ -vs- un expat issue de milieu majoritaire devenu "globalisé"?
--
Je comprend mal la question. Déjargonise...

Antonine Maillet et Gabrielle Roy me semblent bien reconnaissables comme FHQ dans leurs thèmes et préoccupations. Mais y-a-t'il eu renouvellement de cette culture FHQ par une relève?
C'était une culture canadienne-française qui à changer depuis.

Daniel Bélanger (franco-manitobain) et Paul Piché (franco-ontarien) s'en sont retournés au bercail québécois. Zacharie Richard continue à aborder des thèmes typiquement FHQs. Mais encore une fois, ou est la relève?
Ils sont aller là car ils peuvent vivre de leur métier au Québec. La relève doit être chercher ce qui est difficile à faire.

Foude faure tâte...
Ton dictionnaire d'expressions 'hors québec' est incompréhensible et vraiment inutile... J'aimerais bien que si tu voudrais utiliser une expression anglaise de la mettre en anglais au lieu de la mettre en gibberish.
Pardonnez-moi cette petite remarque.
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MessageSujet: Re: La culture FHQ   La culture FHQ EmptySam 22 Juil - 15:31

Il y a *des* cultures FHQ, qui sont influencées par toutes sortes d'influences locales, nationales ou internationales. Ces cultures mélangent le fait de vivre en français à l'extérieur du Québec avec des considérations historiques (Acadie, Manitoba, Ontario), géographiques (spécificité du Nord de l'Ontario, phénomène West Coast vs. East Coast qui, semble-t-il, influence la façon d'être des Franco-Colombiens, Gaulois pourra me le dire), ou encore démographiques (Sud de l'Ontario = culture beaucoup plus diversifiée).

Cette culture n'est pas suffisamment reconnue par la majorité (mais encore là... les FHQ eux-mêmes ne sont pas assez reconnus par le Qc et al.).

La plupart des artistes semblent créer d'abord et avant tout pour eux-mêmes, ils font ce qu'ils font en grande partie en fonction de leurs convictions/goûts personnels. Breen Leboeuf est-il Franco-Ontarien ou Québécois? Étant donné le genre de musique qu'il fait (peu engagé politiquement) who cares?

Y a-t-il eu renouvellement du discours artistique plus "engagé"? Musicalement, je pense à Transakadi entre autres. Mais les préoccupations des artistes sont devenues moins locales et plus mondiales au cours des dernières décennies (certains diraient qu'ils se sont ouverts au monde...)
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MessageSujet: Re: La culture FHQ   La culture FHQ EmptyDim 23 Juil - 9:53

Pépin le Bref a écrit:
Mais les préoccupations des artistes sont devenues moins locales et plus mondiales au cours des dernières décennies (certains diraient qu'ils se sont ouverts au monde...)
C'est probablement plus "politiquement correcte" ainsi sans oublier le plus grand marché. Think globally, act locally, qu'y disaient m'semble. Contextualiser ce qui passe au nouveau global pour une communauté d'intérêt plus locale me semble plus pertinent que jamais. Mais il faudrait une communauté d'intérêt. Les artistes sont-ils devenus désengagés et vendus au plus offrant? Quel est l'impact sur la communauté d'intérêt? Entretenons-nous plutôt une communauté d'apathie? Tant de questions...
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MessageSujet: Re: La culture FHQ   La culture FHQ EmptyDim 23 Juil - 12:54

Pour dire que les artistes sont devenus désengagés, il faudrait d'abord qu'on puisse dire qu'ils étaient engagés au début. Peut-on blâmer ceux qui choisissent de ne pas l'être? Faudrait plutôt se demander c'est quoi le rôle d'un artiste. Est-ce que ça se limite à la dénonciation, au cri de ralliement ou au chant de la survivance? Et puis, est-ce que c'est là tout ce qui compose l'expérience de vivre en français?

Dans cette optique, je ne crois pas que les artistes soient devenus nécessairement plus "politiquement corrects". Leur mentalité et leur vision a évolué, comme celles du reste de la population dont les préoccupations ne se limitent pas à la situation du français.
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MessageSujet: Re: La culture FHQ   La culture FHQ EmptyDim 23 Juil - 20:36

Pourquoi un artiste parfaitement bilingue s'exprimerait-il en français plutôt qu'en anglais en situation minoritaire?

Le rôle de l'artiste (écrivain ou penseur) n'est-il pas d'être le premier à exprimer ce que les gens de sa communauté linguistique/cuturelle perçoivent?

De retour à la question originale, y-a-t-il une culture ***spécifique*** aux francophones hors-Québec? Percevons-nous ce qui se passe similairement en situation minoritaire et majoritaire?
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MessageSujet: Re: La culture FHQ   La culture FHQ EmptyDim 23 Juil - 20:48

L'artiste fera bien ce qu'il veut. Certains sont engagés, autres ne le sont pas.
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MessageSujet: Re: La culture FHQ   La culture FHQ EmptyDim 23 Juil - 21:54

gaulois a écrit:
De retour à la question originale, y-a-t-il une culture ***spécifique*** aux francophones hors-Québec? Percevons-nous ce qui se passe similairement en situation minoritaire et majoritaire?

Dans l'absence d'une définition satisfaisante de ce qui est culture (c'est un peu comme définir le temps ou l'âme : il y a pas mal de définitions) je dirais que ça dépend de la communauté francophone. Certaines ont une culture spécifique, d'autres (où il y a un fort influx de gens venus de l'extérieur) sont des patchworks de ce que les gens y apportent.
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MessageSujet: Re: La culture FHQ   La culture FHQ EmptyLun 24 Juil - 13:33

La culture des FHQ est assurément différente de la culture québécoise et de la culture anglophone. Cela fait de nous une culture distincte, non?
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MessageSujet: Re: La culture FHQ   La culture FHQ EmptyLun 24 Juil - 13:55

Pépin le Bref a écrit:
Faudrait plutôt se demander c'est quoi le rôle d'un artiste. Est-ce que ça se limite à la dénonciation, au cri de ralliement ou au chant de la survivance? Et puis, est-ce que c'est là tout ce qui compose l'expérience de vivre en français?

BRAVO!
___________________________________

je crois qu'il y a quelqu'un qui a dit ceci:

...partons chacun de notre bord à faire ce qu'on fait de mieux, affectons plutôt le paysage "par osmose" que de se positionner comme l'underdog et se sentir comme victimes en situation minoritaire et de parler de ralliements et de se donner la main tout simplement parce qu'on est francophones d'ici...Nous devons tout simplement laisser tomber "la cause" et vivre notre vie, sans doute affectée par notre bagage culturel, produire d'une façon ou d'une autre...que le simple fait de se livrer, humain bouquin, ailleurs d'autant plus qu'ici, en valait autant que de chialer et de réclamer notre statut de chien battu.
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MessageSujet: Re: La culture FHQ   La culture FHQ EmptyLun 24 Juil - 14:00

gaulois a écrit:
Le rôle de l'artiste (écrivain ou penseur) n'est-il pas d'être le premier à exprimer ce que les gens de sa communauté linguistique/cuturelle perçoivent?

Ce dont tu parles me semble plutôt un devoir qu'un rôle. Pourquoi spécifiquement de sa communauté linguistique/cuturelle???


Dernière édition par le Lun 24 Juil - 14:01, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La culture FHQ   La culture FHQ EmptyLun 24 Juil - 14:01

Van la Franco a écrit:
La culture des FHQ est assurément différente de la culture québécoise et de la culture anglophone. Cela fait de nous une culture distincte, non?

article de Marc Haentjens que j'ai dégusté et qui pourrais ajouter à la discussion:

http://revueliaison.ca/index.cfm?Id=32156&Sequence_No=32154&Repertoire_No=2137984530&Voir=journal&niveau=3&Image=0
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MessageSujet: Re: La culture FHQ   La culture FHQ EmptyLun 24 Juil - 14:19

Voici une copie de l'article de Marc... lisez et discutez.

Citation :
L'épineuse (et sempiternelle) question du drapeau

Par : Marc Haentjens
Editeur : Les Éditions l'Interligne


On sait combien la fragmentation de l'ancien « Canada français » nous cause de difficultés depuis que le Québec a choisi de s'affirmer et de faire cavalier seul, forçant les francophones du « reste du Canada » à se redéfinir malgré eux. Le sociologue Joseph-Yvon Thériault a souvent décrié cette situation en montrant comment la « provincialisation » de l'identité francophone avait affaibli la position de la population de langue française au Canada et fragmenté notre sentiment d'identité. Désormais affublés de nos nationalités particulières - franco-ontarienne, franco-manitobaine, fransaskoise, franco-colombienne, etc. -, nous ne savons plus très bien qui nous sommes et sous quel drapeau nous ranger. Seuls les Acadiens, parce qu'ils se reconnaissaient déjà entre eux, ont un peu mieux échappé à cette crise, mais ils n'en sont tout de même pas sortis indemnes, ayant, eux aussi, à composer avec certaines identités provinciales ou régionales (qu'il s'agisse des Brayons ou de certains francophones de Nouvelle-Écosse).

Compliquant encore un peu les choses, la transformation de la population francophone, provoquée depuis plusieurs années par l'immigration des pays du Sud, fait elle-même éclater nos nouvelles dénominations, parce qu'on leur reproche de ne pas être suffisamment inclusives ou de faire trop référence aux populations dites « de souche ». Le phénomène est particulièrement perceptible en Ontario où l'emploi du terme « franco-ontarien » est presque devenu, sous les coups des « communautés ethno-culturelles », une marque de fermeture à la nouvelle réalité démographique. La récente mutation de la vénérable Association canadienne-française de l'Ontario (ACFO) en Assemblée francophone de l'Ontario (AFO) est une belle manifestation de cette tendance, même si, fondamentalement, elle ne règle pas grand-chose. On assiste ainsi, selon le terme de Dominique Wolton, à une « communautarisation » croissante des identités dans laquelle il devient de plus en plus difficile non seulement de se définir, mais aussi de se nommer.

Fin des francophones hors Québec

Cette confusion vécue au niveau provincial ou territorial se répercute naturellement sur la scène nationale, où il devient encore plus compliqué de se définir collectivement. Après nous être longtemps réunis sous l'étiquette de « francophones hors Québec », nous voilà engagés depuis plusieurs années dans une grande quête d'appellations qui n'a pas encore abouti à un dénouement vraiment satisfaisant. Le signal en a été donné par la Fédération des francophones hors Québec (FFHQ) qui décidait la première d'abandonner les termes « hors Québec », jugés désormais péjoratifs, pour resurgir, après plusieurs hésitations, comme Fédération des communautés francophones et acadienne (sans s) du Canada. L'exemple de la FFHQ était rapidement suivi par plusieurs organismes nationaux cherchant, eux aussi, la façon (élégante) de se débarrasser de l'expression « hors Québec » pour se nommer sur une base « plus positive ». Ainsi naissaient, notamment, l'Association de la presse francophone (APF), anciennement l'APFHQ, et l'Association des théâtres francophones du Canada (ATFC), anciennement l'ANTFHQ.

Les organismes, qui n'avaient pas, pour différentes raisons, épousé les lettres HQ, ont été un peu épargnés par ce mouvement, mais ils n'ont pu échapper tout de même au questionnement lancé pour nommer la réalité qui les environnait. Plusieurs - comme la Fédération culturelle canadienne-française (FCCF) ou le Regroupement des éditeurs canadiens-français (RÉCF) - ont notamment continué à arborer l'étiquette « canadienne-française », mais en adaptant malgré tout leur vocabulaire pour nommer autrement leurs membres ou les communautés qu'ils représentaient. Ainsi a-t-on vu fleurir ces dernières années une variété d'expressions telles que les communautés francophones, les communautés francophones et acadiennes (avec un s), la francophonie canadienne, les francophones en milieu minoritaire, etc. La proposition la plus audacieuse est sans doute l'idée de « Zone francophone » que la FCCF a tenté d'imposer, sans vraiment y réussir toutefois, avec son Bureau de promotion « Zof » à Montréal. À l'opposé, la pire proposition est certainement l'acronyme (clinique), inventé par les fonctionnaires fédéraux, qui prolifère depuis quelque temps dans les rapports gouvernementaux : les CLOSM - un raccourci aux accents futuristes (!), mais à vrai dire pas trop élégant pour nous désigner comme des « communautés de langue officielle en situation minoritaire ».

Après une décennie d'errements en tous sens, nous nous retrouvons encore en panne de définitions. Si la formule des « communautés francophones et acadienne » a fini par s'imposer davantage, elle est loin pourtant de faire l'unanimité. En juxtaposant les qualificatifs « francophones » et « acadienne », elle postule d'abord que l'un n'inclut pas l'autre, ce qui est manifestement une faute de logique. En filigrane, cette expression postule aussi une hiérarchie avec laquelle on peut être plutôt mal à l'aise : entre une communauté acadienne, qui se fonderait sur une histoire et une culture communes, et des communautés francophones qui auraient pour seule base une communauté de langue... Une perspective qui, comme le soulignait un intervenant manitobain, conduit à cautionner une conception étagée de la francophonie canadienne, en plaçant tout en haut le Québec, un peu plus bas l'Acadie, à un autre échelon l'Ontario français et, tout en bas, la francophonie de l'Ouest canadien.

L'expression « Canada français » aurait l'avantage d'être englobante et d'éviter justement une telle hiérarchisation. Elle entretient, par contre, une réelle ambiguïté puisqu'elle n'exclut pas formellement le Québec. Enfin, et c'est peut-être ce qu'on peut surtout lui reprocher, elle conserve des accents passéistes (certains diraient lionel-groulxiens !) qui peuvent difficilement rendre compte de notre modernité. Finalement, le vocable « francophone » (tout court) a le mérite d'être sobre et neutre. Mais dit-il bien qui nous sommes, au-delà de notre appartenance linguistique ? Et en quoi, là encore, nous démarque-t-il du Québec ? Ce n'est pas évident. Il y a donc une difficulté palpable dans tous les cas à nous décrire ou à nous nommer, sans faire référence justement à cette caractéristique qu'on nous impose depuis une quarantaine d'années et qui reste peut-être notre plus grand trait commun : être Canadiens et francophones, sans être pour autant du Québec !

Ni Canadiens ni Québécois

Cette difficulté, que nous avons de nous nommer reste encore gérable tant que nous restons entre nous. D'une façon, je dirais qu'on finit par se comprendre et même à s'habituer à des acronymes qui perdent avec le temps leur sens originel. Mais il est difficile de rester aussi impassibles dès lors que nous sortons de chez nous et que nous devons expliquer à d'autres qui nous sommes. Certains d'entre nous en font régulièrement l'expérience en devant simplement se présenter à des collègues ou à des homologues québécois. Éviter de dire que nous sommes « hors Québec », sans avoir non plus à expliquer que nous sommes issus de « communautés minoritaires », représente chaque fois un tour de force. Mais la chose s'avère encore plus compliquée quand on doit présenter la même explication à des interlocuteurs étrangers.

J'ai été moi-même placé dans cette situation en mars dernier, en accompagnant dans mes fonctions une petite délégation d'éditeurs (canadiens-français) au Salon du livre de Paris. Chaque fois que nous rencontrions des professionnels français du livre, nous tentions d'abord de leur expliquer qui nous étions : des Canadiens francophones, mais pas Québécois, qui publient tout de même des livres en français... Généralement bienveillants et polis, nos interlocuteurs acquiesçaient souvent sans rien dire. Mais dès que nous évoquions notre désir de commercialiser nos livres en France, ils prenaient la peine de nous expliquer gentiment que nous aurions avantage à déterminer comment - sous quelle bannière - nous présenterions nos livres au public français : serions-nous Québécois, Canadiens, ou autres ?

Pour eux, les choses étaient claires : ou bien nous défendions des auteurs francophones et nous nous rangions a priori sous la bannière du Québec ; ou bien nous nous rangions sous la bannière canadienne et nous défendions a priori des auteurs anglophones. L'idée que nous voudrions nous placer dans une autre catégorie leur semblait difficilement imaginable. Tout au plus, pourrions-nous présenter nos livres comme des livres d'auteurs canadiens publiés en langue française, mais il serait alors probable qu'on chercherait parmi eux les Atwood et les Ondaatje, pensant qu'il s'agit de traductions de livres originalement écrits en anglais. Le meilleur positionnement - pour parler marketing - serait, pour eux, de nous ranger sous la bannière québécoise, sans préciser que nous venons géographiquement d'une autre région du Canada. C'est d'ailleurs l'approche que nous avions épousée jusqu'ici, en nous logeant au salon du livre dans le stand de Québec Édition et en étant représentés commercialement par la Librairie du Québec à Paris.

La question identitaire nous rejoignait ainsi à 6000 kilomètres d'Ottawa, en nous forçant à revoir, avec le recul permis, notre façon de nous situer par rapport au Canada et, dans le même temps, au Québec. De toute évidence, les différentes expressions inventées pour nous nommer au Canada - depuis les communautés francophones et acadienne jusqu'aux CLOSM, en passant par le Canada français - semblaient perdre tout à coup toute résonance et toute utilité. Un peu comme Robert Lepage redécouvrant à l'étranger la force de la nationalité canadienne, nous prenions soudain conscience, à cette distance, de l'ampleur du handicap causé par notre situation identitaire : de la difficulté d'être francophones hors Québec, ou Canadiens français minoritaires.

Et pourquoi pas Canadois ?

La meilleure solution pour nous, on le comprenait bien à Paris, serait de revenir en arrière, à la conception traditionnelle du Canada français et des Canadiens. Mais est-ce encore possible ? Voilà la question lancée. Je ne prétends pas être en mesure d'y répondre, mais je vois tout de même deux avenues s'offrir à nous. La première est la plus simple sinon la plus facile à concrétiser. Elle consisterait à inventer un nouveau mot qui dirait précisément ce que nous sommes - Canadiens et francophones - et qui aurait l'avantage d'intégrer toutes les composantes de la population francophone. Suivant la piste lancée en Ontario par Yolande Grisé avec le mot « Ontarois » (voir Yolande Grisé, Ontarois, on l'est encore !, Éditions du Nordir), nous pourrions, par exemple, devenir des... Canadois ! Nous pourrions alors décliner cette identité en fonction de nos appartenances géographiques : Canadois de l'Ontario, Canadois du Manitoba, Canadois du Nouveau-Brunswick, etc. Rien n'empêcherait les Québécois de s'en emparer aussi pour devenir des Canadois du Québec ! L'idée semble, certes, un peu folle mais elle mérite, je crois, d'être explorée.

L'autre avenue s'inspire plutôt d'une boutade lancée un jour par Joseph-Yvon Thériault. Prenant acte qu'une majorité de Québécois refusent de se rallier à une bannière canadienne, il proposait simplement de redéfinir l'identité québécoise de façon à nous inclure. Autrement dit, que le mot « Québec » permette de désigner ce que nous entendions auparavant par Canada français. Je peux entendre, bien sûr, certains Acadiens grommeler. J'entends aussi réagir plusieurs « Francos » d'ici ou de là. Mais je dirais que si l'Acadie est plus qu'un territoire, qu'est-ce qui nous empêche, nous, de prétendre que c'est aussi le cas du Québec - quoi qu'en pensent les Québécois ! Et si jamais l'un d'entre eux questionne cette redéfinition, voilà la réponse que je lui servirais : « Moi, Québécois ? Bien sûr ! Je suis un Québécois hors Québec, voilà tout ! »


Marc Haentjens a œuvré pendant longtemps comme chercheur, animateur et consultant dans le domaine artistique et culturel au sein de la francophonie ontarienne et canadienne. Il occupe aujourd'hui la direction du Regroupement des éditeurs canadiens-français.
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MessageSujet: Re: La culture FHQ   La culture FHQ EmptyLun 24 Juil - 14:43

Sir Cornflakes a écrit:

Ce dont tu parles me semble plutôt un devoir qu'un rôle. Pourquoi spécifiquement de sa communauté linguistique/cuturelle???
Autrement il perd sa perspective unique dans l'écosystème des cultures. Il s'assimile en ce qui me concerne (there goes the diversity!) et sa communauté va suivre tôt ou tard. Il peut s'exprimer dans l'autre langue mais cela doit se faire dans le contexte de sa culture d'origine. Si c'est le cas, il devient un ambassadeur de sa communauté. Ca revient finallement au Pensez globallement et agissez "locallement" en matière de culture, pour ce que ca peut bien signifier sur le Net.
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MessageSujet: Re: La culture FHQ   La culture FHQ EmptyLun 24 Juil - 15:05

[quote="Christian"]Voici une copie de l'article de Marc... lisez et discutez.

Citation :
L'épineuse (et sempiternelle) question du drapeau

Par : Marc Haentjens
Editeur : Les Éditions l'Interligne


Un texte assez intéressant effectivement. Ca me rappelle le Manifeste de l'identité de "canayen" publié par un franco du Manitoba. Non je ne tombe pas dans le piège des noms.

Je note que cette revue a disparu mais que TG permet maintenant à plus de francos de discuter d'un tel sujet. Tant mieux pour le progrès!
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MessageSujet: Re: La culture FHQ   La culture FHQ EmptyLun 24 Juil - 15:41

Merci pour l'article super intéressant!

Oui, la question de l'identité reste épineuse. Ce n'est pas André Paiement qui disait que la francophonie ontarienne, c'était un mélange de la culture américaine, la culture canadienne anglaise et la culture québécoise? Il n'est pas étonnant que parfois, en tant que francophones, on ne sait plus exactement qui on est et où on se situe.

La proposition de s'appeller Canadois ou Québécois hors Québec me laisse un peu perplexe cependant. Il faut dire que le Ontarois de Yolande Grisé dans les années 80 avait plus ou moins bien fonctionné.

En passant, avez-vous déjà vu la pièce de théâtre Exils (ou le téléfilm du même nom) de Robert Bellefeuille? Ça traite de la quête d'identité des francos à travers le pays.
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MessageSujet: Re: La culture FHQ   La culture FHQ EmptyLun 24 Juil - 19:18

Van la Franco a écrit:
Il faut dire que le Ontarois de Yolande Grisé dans les années 80 avait plus ou moins bien fonctionné.
Si par plus ou moins vous voulez dire pas du tout, donc oui.

Elle à été forcée. Québécois était une évolution naturelle. Il ne sagit pas de prendre un nom et d'y ajouter ois, il faut avoir un concessus et un désir et non forcer la chose.

Le mot Franco-Ontarien n'a pas été forcé et il est le plus populaire parmis nous.

Le mot francophone à été forcé par le gouvernement fédéral mais malgré cela fonctionne bien partout.
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MessageSujet: Re: La culture FHQ   La culture FHQ EmptyMar 25 Juil - 11:20

Haentjens me semble etre un nom neerlandais anyways.
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MessageSujet: Re: La culture FHQ   La culture FHQ EmptyLun 31 Juil - 12:25

Pour en revenir au "devoir" de l'artiste... je crois qu'il faut faire attention. Exiger des artistes qu'ils fassent preuve d'engagement communautaire et chantent a tout prix la lutte a l'assimilation ou la fierte de parler francais me fait penser un peu trop a ces peintres sovietiques sous Staline, auxquels on imposait de produire uniquement des oeuvres montrant les proletaires heureux travaillant dans les champs ou des vaillantes femmes revolutionnaires assistant a la parade militaire du 1er mai, etc... c'est imposer un carcan, etouffer l'inspiration.

Et puis, les preoccupations des francos de nos jours sont beaucoup plus vastes que simplement le fait de parler francais. On s'inquiete de l'environnement, de la guerre au terrorisme, de la McCulture, de la mode qui hypersexualise les jeunes filles, et oui, de l'importance de garder notre identite francophone. Le merite des artistes - qui s'interessent egalement a toutes ces choses - c'est de les chanter en francais, donnant ainsi un contexte concret a la langue.

P.S. S'cusez le manque d'accent, je suis en vacances et sur un ordi qui n'est pas le mien...
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gaulois
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MessageSujet: Re: La culture FHQ   La culture FHQ EmptyLun 31 Juil - 16:53

Non il ne s'agit pas d'exiger quoi que ce soit de nos artistes.

Cela dit, la contextualisation des gros problèmes de notre temps me semble être beaucoup plus que simplement l'exprimer en français. Quand il y a plus de 250 millions do locuteurs anglo sur notre continent et que la grande majorité des FHQs sont parfaitement bilingues, notre message a bien peu de chance d'être pertinent s'il n'est pas mis en meilleur contexte. Une minorité en voie de disparition telle la notre devrait être capable plus que quiconque de mettre en perspective la disparition de la chouette huppée parmi tant d'autres. N'avons nous pas une expérience unique à offrir avec nos "porte-parole", nos groupes d'intérêt, nos médias et les autres "experts"? Et cela pas nécessairement toujours en français non plus. Le fait-on vraiment sans exiger quoi que ce soit?
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