maurizio Nouvelle petite gueule
Nombre de messages : 28 Localisation : Paname Date d'inscription : 27/09/2005
| Sujet: le film Joyeux Noel Mer 8 Mar - 8:07 | |
| j'ai vu que le film joyeux noel était nommé aux oscars ce week end...ça ne m'étonne pas vraiment que la bourgeoisie lui accorde cette reconnaissance...c'est un magnifique film de propagande qui veut faire passer les fraternisations de la guerre 14/18 pour du pipi de chat... à lire l'article fort intéressant du CCI http://fr.internationalism.org/ri365/fraternisation.htm - Citation :
- L’idée selon laquelle les fraternisations étaient "sans lendemain" implique un autre mensonge que celui consistant à dire que le phénomène fut "rare et limité". Le "sans lendemain" veut dire aussi "sans espoir" de mettre un terme au carnage. Le film, appuyé par une ribambelle d’historiens bourgeois, cherche en effet à vider de tout contenu politique de tels événements. Comme le fait Marc Ferro en disant : "C’était un cri de désespoir poussé contre les offensives inutiles par des soldats qui n’en pouvaient plus… Mais elles n’ont pas été un pas vers une remise en cause de la guerre", mieux, elles n’ont "pas eu de contenu révolutionnaire".
Si un prix Nobel de la mauvaise foi existait, alors Monsieur Ferro serait un sérieux concurrent. Il est pourtant évident que des soldats que l’on envoie s’entredéchirer et qui, au contraire, posent leurs fusils pour aller se serrer la main, remettent de facto en cause la guerre.
"Ces fraternisations n’ont pas de signification politique", mais c’est tout le contraire qui est vrai. En effet, elles expriment la nature internationale de la classe ouvrière, le fait qu’elle n’a aucun intérêt à se faire massacrer pour des intérêts qui sont ceux de ses exploiteurs et de leur patrie. Les fraternisations depuis 1914 puis les mutineries de 1917 (voir RI n°285, décembre 1998) [1]<!--[endif]--> sont l’expression de la révolte montante de la classe ouvrière, excédée au front comme à l’arrière par les souffrances imposées par la guerre, dont le point d’orgue sera la révolution russe de 1917. Les exemples de ce qu’annoncent les fraternisations ne manquent pas. Ainsi, le caporal Barthas rapporte qu’en décembre 1915, dans le secteur de Neuville-Saint-Vast, les tranchées étant inondées, soldats français et allemands durent sortirent et commencèrent à fraterniser. Un peu plus tard, après un discours, un soldat allemand brise son fusil dans un geste de colère, alors, écrit Barthas, "des applaudissements éclatèrent de part et d’autre et l’Internationale retentit". De même, un soldat français rapporte en janvier 1917 : " Les boches nous font signe avec leurs fusils qu’ils ne veulent plus tirer sur nous ; si on les obligeait, ils lèveraient en l’air" (lever la crosse en l’air est un signe de mutinerie). Encore dans le témoignage de Barthas, cette fois dans les Vosges en septembre 1917 : " … il y en a un [soldat allemand] qui a pris son fusil et l’a agité la crosse en l’air et il a achevé son geste en mettant son fusil en joue mais en nous tournant le dos et en visant vers l’arrière. C’était très explicite et nous en avons déduit qu’il faudrait qu’ils tirent mais vers ceux qui les menaient ".
Le mouvement ouvrier sait pertinemment la valeur et la signification des fraternisations. Lénine, lui-même, dans un article de la Pravda en date du 28 avril 1917 le dit magistralement : "Les capitalistes tournent en ridicule les fraternisations… or les ouvriers, les semi-prolétaires et paysans pauvres qui, guidés par l’instinct même des classes opprimées, marchent dans les traces des ouvriers conscients, voient les fraternisations avec la plus vive sympathie ; il est évident que les fraternisations sont une voie vers la paix."
Il est évident que cette voie ne va pas dans le sens des gouvernements capitalistes, mais va au contraire dans un sens opposé. Elle développe, renforce, consolide le sentiment de confiance fraternelle qui unit les travailleurs de différents pays. Elle commence à miner la discipline maudite des casernes-prisons… Il est évident que les fraternisations constituent une initiative révolutionnaire des masses, qu’elle signifie l’éveil de leur conscience, l’esprit de courage des classes opprimées, qu’elles sont en d’autres mots un des nœuds de la chaîne qui conduit à la révolution socialiste prolétarienne.
Vivent les fraternisations : vive la révolution socialiste mondiale prolétarienne !"
C’est cette réalité que le film Joyeux Noël fait disparaître. Il choisit les fraternisations de 1914 en escamotant leur contenu et ce qu’elles préfigurent : l’éclatement de la révolution prolétarienne de 1917 en Russie. Ce genre de film, sous couvert de bons sentiments humanistes et pacifiques " tourne en ridicule les fraternisations" pour confisquer et altérer la mémoire de la classe ouvrière et par là sa perspective révolutionnaire. | |
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