Monuments de la francophonie... = gaspillage d'argent ?

Merci beaucoup pour le message détaillé. C'est toujours bien de pouvoir communiquer les projets à la communauté de façon à ce qu'elle puisse y avoir accès facilement!

Je respecte la démarche des promoteurs des méga drapeaux franco-ontariens, mais à toutes les fois que je passe devant, je ne peux m’empêcher de croire que les gens se trompent bien trop souvent de combat.

Trouvez-vous ça normal que les 250 000 Acadiens du Nouveau-Brunswick aient leur propre université à eux, mais que les Franco-Ontariens, pourtant deux fois plus nombreux, doivent se contenter d'institutions dites bilingues où ils sont des plus en plus minoritaires et, surtout, de plus en plus minorisés?

Me semble que, maintenant que la victoire de Montfort est acquise et que La Cité collégiale est bien établie, il s'agit-là du prochain grand combat franco-ontarien. Et que ça passe bien avant l'érection d'immenses drapeaux franco-ontariens en bordure de la 417, ou encore de harceler des vieux policiers à la moustache blanche venus du sud de l'Ontario pour qu'ils apprennent quelques mots de français pour les cinq années en fin de carrière qu'ils seront le patron de la gendarmerie municipale d'Ottawa.

Il n'est pas pour tout le monde de revendiquer et demander à tour de bras. Certains ne veulent qu'accroitre la visibilité et la reconnaissance de la francophonie ontarienne.

Allez-y montez votre groupe, revendiquez l'université franco-ontarienne, faites la levée des boucliers pour un président de la CCN unilingue anglo...

Moi pour ma part, j'en ai marre des batailles, je veux la célébrer, l'afficher et la présenter ma francophonie et ma communauté.

Les présentoirs que sont les monuments de la francophonie sont essentiels pour réussir nos batailles... c'est la démonstration des gallons et des épaulettes que nous avons gagnés! Ca solidifie notre crédibilité, ça nous fait voir par d'autres de l'extérieur, ça énergise nos troupes le moment venu pour monter aux barricades.

Vous savez que des espaces francophones dans nos écoles et nos institutions sont les pierres angulaires du maintien de notre francophonie et de notre communauté. Nous aurons désormais des espaces francophones extérieurs maintenant pour que nous puissions faire nos rassemblements, nos levées des couleurs et nos manifestations.

Tous les projets de revendications ont une valeur énorme pour continuer d'accumuler nos acquis... les monuments de la francophonie d'Ottawa seront des points de ralliement et d'appui lorsque nous gagnerons d'autres acquis et lorsqu'on tentera de nous les enlever!

L'Institution franco-ontarienne universitaire est la prochaine étape. Impossible d'y douter. L'Université d'Ottawa nous le prouve à tous les jours combien elle est incapable et n'a aucune volonté d'être utile pour nous.

VirtuoFranco,

Moi aussi je suis a priori solidaire de toute initiative qui augmente la visibilité de la francophonie. Ce qui ne m’empêche pas par contre de m’interroger sur le bien-fondé de consacrer X montant d’argent, de temps et d’énergie à un projet plutôt qu’à un autre.

Pour ce qui est de l’université franco-ontarienne, étant résident du Québec présentement, ce serait un peu bizarre que je mette sur pied un mouvement pour en fonder une. Encore une fois, ça ne m’empêche pas de trouver étrange qu’il n’y ait pas un chat en Ontario français qui en parle. Je sais que l’Université d’Ottawa exerce une grande influence sur la communauté franco-ontarienne, mais ce ne sont quand même pas tous les chefs de file francophones qui y sont inféodés.

Pour revenir aux monuments, oui ils vont augmenter la visibilité de la francophonie. Mais qu’en est-il de la visibilité de la francophonie au Lone Star Café juste en face ou à l’hôtel Chimo juste à côté? Ou dans le centre commercial St-Laurent? Jamais de toute ma vie n’ai-je vu le français aussi absent, aux chapitres de l’affichage et du service en magasin, du centre St-Laurent. C’est les cas pas mal partout dans le secteur Cyrville-Overbrook, où quand j’étais jeune le français était loin d’être traité comme une langue étrangère comme c’est le cas de nos jours.

C’est une bonne chose que les gens voient que les francophones sont présents à Ottawa grâce à l’immense drapeau. Mais la majorité des gens (francophones et autres) ne vivent pas leur vie au quotidien à la base d’un mât de drapeau. Ils vivent dans les commerces, les restos, les lieux de travail, les cinémas, les autobus et les rues. C’est surtout là que la francophonie doit être présente mais malheureusement, c’est plutôt une absence de plus en plus grande qu’on constate.

Désolé pour les propos « plates », mais c’est juste ce que je constate.

La francophonie d'Acajack me semble beaucoup plus pertinente que celle des monuments, symboles, et autres emblèmes étatiques. Regardez ce qui s'est passé avec le régime soviétique qui a préféré continuer à se soucier des monuments, symboles, et autres emblèmes étatiques quand le monde s'est ouvert grâce aux communications venant de l'Ouest: les jeunes, entrepreneurs, classes professionnelles et ouvrières se sont tous exilés à regret.

Comment dit-on "denial" en français incidemment - "négation"???

-Mommy, what's that big flag over there?
-It's one of those French Canadian things, sweetie.
-French Canadians, here?
-That's right.
-Oh, interesting.

Voilà.

Tu as entendu ça sur l'autobus j'imagine?!

Cette discussion me fait penser à l’époque de ma jeunesse où j’allais au Franco au Parc Major avec mes copains. C’était un moment d’un grand surréalisme lorsque, après avoir passé la soirée à chanter des refrains connus avec des milliers d’autres gens, on allait prendre une bière dans le marché By.

C’était comme se retrouver sur une autre planète, et à quelques mètres à peine du site du festival, tout ce que le Franco représentait n’existait soudainement plus. Rarement me suis-je aussi senti comme un immigré dans mon propre pays.

J’ai eu le même sentiment il y a plusieurs années lorsque j’ai voulu montrer un film « canadien » à de la visite d’un pays étranger. Nous sommes donc allés au club vidéo de mon quartier à Orléans, avec l’intention de louer Jésus de Montréal, de Denys Arcard. C’était bien avant Les Invasions Barbares. Tout ça pour dire que le commis de Jumbo Video ou Rogers Video (je ne me souviens pas trop), après m’avoir regardé comme si je lui avais demandé un documentaire sur les habitudes alimentaires du capybara en Amérique du Sud, m’avait répondu tout bétement : « Jesus of Montreal, gotta be in the foreign section! » Contrairement à mes amis, qui étaient estomaqués (d’autant plus que le magasin en question n’est qu’à 1 km à vol d’oiseau du sol québécois, que l’on aperçoit même en sortant du stationnement), le commis n’a pas du tout saisi l’ironie absurde de ce qu’il venait de dire. Heureusement pour lui que le ridicule ne tue pas.

Foreign, indeed.

À Acajak:

Premièrement félicitations pour tes commentaires concis. J'aimerais parcontre, si tu me le permet, émettre quelques commentaires sur tes arguments.

Citation :

«Jamais de toute ma vie n’ai-je vu le français aussi absent, aux chapitres de l’affichage et du service en magasin, du centre St-Laurent. C’est les cas pas mal partout dans le secteur Cyrville-Overbrook, où quand j’étais jeune le français était loin d’être traité comme une langue étrangère comme c’est le cas de nos jours.»

À mon avis, ce ne sont pas les monuments qu'on doit accuser, mais bien nous tous qui ne pratique pas notre langue au quotidien.

Citation :

Ils vivent dans les commerces, les restos, les lieux de travail, les cinémas, les autobus et les rues.

Les Monuments sont pourtant dans la rue. À la vue des commerces, des restos (Lone Star) de l'autoroute dans l'autobus... Les francophones réaliseront peut-être qu'en voyant ce drapeau à chaque jour, en route vers le boulot que finalement, y'a pas de honte à s'afficher. Et si quelques uns d'entre eux décidaient de sortir de l'auto et d'aller lire les écrits sur le granite, ils verront que leur passé est remplis de défis...oui mais...surtout de succès et de contributions individuelles et collectives qui ont fait en sorte qu'ils sont qui ils sont aujourd'hui.

Les monuments sont un élément parmi tant d'initiatives qui reste à développer pour les franco-ontariens. Je crois profondément que chaque éléments ne peut qu'aider à une affirmation complète (quelle qu'elle soit selon nos valeurs individuelles ou communes).

Les francophones eux-mêmes ont certes une part de responsabilité. Mais il faut aussi admettre que ce n’est pas toujours un combat à forces égales, surtout lorsque les grandes entreprises s’en mêlent.

Où est-ce que je veux en venir? Bien, c’est que contrairement à ce qu’on pourrait penser, les grandes entreprises nord-américaines ne trouvent pas ça particulièrement « cute » qu’il y ait un petit village gaulois dans un coin du continent qui rame à contre-courant sur le plan linguistique. Ça leur coûte bien plus cher, car il faut tout traduire, des imprimés aux logiciels informatiques, et même souvent embaucher du personnel bilingue pour certaines tâches. Bref, on les emmerde royalement – pour relativement peu de profits supplémentaires.

Mais, à contre-cœur, ils vont généralement se plier aux caprices des Gaulois qui se trouvent à l’intérieur de la muraille du village. Au sein du village, ils n’ont pas vraiment le choix de s’adapter, mais ils ne font pas de cadeaux à ceux qui se trouvent à l’extérieur de ses murs.

Si vous ne me croyez pas, pensez à comment ça peut parfois être difficile d’obtenir quoi que ce soit en français (cartes, services, manuels d’instructions, etc.) si on a le malheur d’avoir un « ON » à la fin de notre adresse plutôt qu’un « QC ». On a beau cocher la petite boîte pour le français sur le formulaire, s’appeler Jean-Claude Tremblay et habiter sur la rue Jardins des Tréflières à Orléans, dès qu’on coche le « ON » pour la province, ça semble enregistrer ENGLISH automatiquement. Ça m’arrivait tout le temps quand j’habitais en Ontario. Qui plus est, j’ai même travaillé pour une grande banque canadienne (que je ne nommerai pas) à Orléans et nos ordinateurs n’acceptaient pas qu’on fasse le choix de langue « français » même quand les clients nous le demandaient expressément. Encore un fois, dès qu’on mettait le « ON » dans l’adresse, choisir le français était impossible.

Vous pensez que j’exagère? Savez-vous que des groupes de parents d’Orléans (sous l’égide du MIFO je pense), ont déjà demandé au cinéma d’Orléans de présenter des films pour enfants en français? Le groupe a même offert de s’engager contractuellement auprès de la compagnie en vue d’éponger toute perte, advenant que personne ne s’y présente. Et bien ils n’ont jamais rien voulu savoir! Un jour, une des participantes m’a même montré la lettre qu’elle avait reçu de l’importante chaîne de cinémas, qui lui disait carrément « as far as our company is concerned, Ontario is an English only market and Quebec is a bilingual market ». There you have it.

Les exemples ne nous manquent pas. Comment se fait-il que les circulaires qu’on reçoit chez nous sont bilingues dans des secteurs de Gatineau où peut-être 6 % de la population est anglophone, alors qu’à Vanier, à moitié francophone, les mêmes chaînes livrent les mêmes circulaires en anglais seulement?

Comment se fait-il aussi que les affiches commerciales à Aylmer (70 % francophone), où la Charte de la langue française s’applique, sont en français, alors qu’à Casselman (90 % francophone), il y en a plein qui sont en anglais seulement?

Premièrement, je veux défendre ma paroisse d'entrepreneurs privés qui ne veulent que faire de l'argent, économiser de l'argent et sauver du temp. La majorité des entreprises que je connais contribuent grandement à leur communauté en commanditant des événements, en donnant à des Fondations en offrant un coup de pouce pendans les fêtes pour des familles pauvres ou des écoles en milieu défavorier.

Deuxièment, Les Monuments de la francophonie n'auront pas un impact seulement à court terme.... c'est à long terme qu'aura l'effet de la présence de ce magnifique drapeau dans la communauté... à plusieurs endroit d'ailleurs.

Cela dit, pour en finir une fois pour toute en ce qui à trait à l'argent dépensé sur ces monuments... c'est l'argent de la communauté, les donateurs et les commanditaires... ils ont accepté volontiers de donner quand nous leurs avons demandé... Avez vous demandé pour de l'argent dans le cadre d'un mouvement de revendication pour l'université franco-ontatienne... quand ce sera le temps, j'y met mon 100$ moi aussi.

Enfin, les entreprises travaillent, selon moi, de la facon traditionnelle de faire des affaires... l'offre et la demande... Comment voulez vous que ces entreprises justifient à leur siège social d'afficher en francais, d'embaucher des gens bilingues seulement quand nous de demandons pas quotidiennement, à toute occasion de se faire servir en francais. Il faut percister... toujours de demander et nous les aurons, un à la fois, à adopter une politique sur l'embauche de personnel bilingue. Tout entrepreuneur qui se respecte, qui voit son personnel toujours dire "non je ne parle pas francais" ou "juste un petite peu", considèrera le tout lors de la prochaine embauche... mais si nous ne le demandons jamais, sans insister, juste le demander, fois après fois, les choses changerons.

Voilà, c'est tout pour l'instant...

En passant gagne... le dévoilement à La Cité collégiale se tiendra à 10 h le 31 mai... soyez-y!.

Salutations amicales,